Drépanocytose : former les médecins pour décentraliser les soins

26/01/2018

Du 6 au 18 novembre 2017, 26 médecins de 6 pays d’Afrique ont reçu une formation pour obtenir le Diplôme Universitaire de Drépanocytose du Centre de Recherche et de Lutte contre la Drépanocytose (CRLD) de Bamako, au Mali. Créé en 2014, ce D.U. vise à sensibiliser et à former des médecins à cette maladie, pour en améliorer la prise en charge dans les zones manquants de moyens et de personnels soignant.

Drissa Coulibaly est médecin à Banamba, ville située à environ trois heures de route de Bamako. Il fait partie de la dernière promotion du D.U Drépanocytose du Centre de Recherche et de Lutte contre la Drépanocytose, dont il a suivi la formation avec beaucoup de motivation. « Nous sommes quotidiennement face à des patients atteints de drépanocytose, explique-t-il. Or, nous-mêmes ne connaissons pas tellement cette maladie. Cette formation nous aide à mieux soigner nos patients sur place, car sans cela ils doivent se rendre à Bamako. C’est loin et cher pour eux ». En formant des médecins, ce diplôme répond à la volonté de décentraliser la prise en charge : dans certaines régions, le taux de prévalence atteint les 15%.

La pédagogie du D.U Drépanocytose impose un enseignement théorique, et pratique, à travers des études de cas et des séances de tables rondes. Les formateurs sont des enseignants/chercheurs spécialistes de la maladie, venant d’universités française, malienne et de la sous-région d’Afrique de l’Ouest. Le diplôme, délivré par la Faculté de Médecine de Bamako, comprend onze modules sur la drépanocytose, dont un spécifique à la prise en charge de la douleur des patients et les solutions pour la soulager. « C’est très important, car on ignore toujours la douleur. Or c’est la douleur qui tue nos malades, sans que l’on s’en rende compte… », explique Drissa Coulibaly.

Les 26 participants de la 4ème session venaient de six pays du continent (Mali, Burkina-Faso, Cameroun, Mauritanie, Niger et Sénégal). Parmi eux se trouvaient 15 médecins généralistes, 4 pédiatres, 1 Gynéco-obstétricienne, 1 hématologue, 1 infectiologue et 4 internes. La Direction de la Coopération Internationale du Gouvernement de Monaco finance les coûts d’organisation de cette formation, la Fondation prenant en charge la participation de médecins venant des pays voisins dans le cadre des programmes qu’elle conduit notamment au Burkina, au Cameroun et en RDC.

Unique en Afrique, le Centre de Recherche et de Lutte contre la Drépanocytose est une référence internationale et le seul centre de cet envergure en Afrique subsaharienne en alliant soins, formation et recherche sur cette maladie génétique.

La Fondation Pierre Fabre est à l’origine de la création du Centre en 2010, en partenariat avec le gouvernement malien et depuis lors continue de lui apporter son soutien technique et financier. La convention de coopération actuellement en vigueur (2017-2020) cible principalement le financement de postes de médecins et techniciens de santé, la décentralisation des soins à Kayes et à Sikasso, la fourniture de médicaments et vaccins. Enfin, un vaste projet d’informatisation des datas de la cohorte est en cours, avec l’appui d’un gestionnaire de projets de la Fondation qui a pris ses fonctions au sein du CRLD depuis janvier 2018.

Le CRLD assure actuellement le suivi de plus de 9 000 patients grâce à un système de prise en charge globale du patient, allant du dépistage à la délivrance de médicaments, en passant par les consultations et le suivi personnalisé, les soins et jusqu’à l’hospitalisation en cas de crise.