Création d’un centre de prise en charge des victimes de violences sexuelles
— Centrafrique —
L’HISTOIRE
La République Centrafricaine (RCA) est un pays enclavé, frontalier du Cameroun, du Tchad, du Soudan, du Sud Soudan, de la République démocratique du Congo et du Congo Brazzaville. L’Esperance de vie des centrafricains est de 53.5 ans[1]. Le pays compte 4.6 millions d’habitants[2] dont 600 000 à Bangui, sa capitale. Le contexte sécuritaire est très volatile et les besoins humanitaires dépassent les ressources disponibles.
La RCA est en proie aux conflits depuis près de vingt ans. Au début des années 2000, des dizaines de milliers de femmes et de filles ont été victimes de violences sexuelles pendant la guerre civile ayant pris fin avec les accords de paix signés en 2007. Depuis 2012, la RCA connait une des plus graves crises politiques et sécuritaires de son histoire. Le 17 octobre 2018, le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) estimait à 636 489 le nombre de déplacés internes et à 574 638 le nombre de réfugiés.
Dans ce contexte, les Violences Basées sur le Genre (VBG) doivent faire l’objet d’une attention particulière. Elles se manifestent sous différentes formes, dont les Violences Sexuelles (VS). Déjà importantes avant la crise, les VS sont désormais utilisées dans le cadre du conflit comme un instrument visant à terroriser et « punir » les populations civiles. De fait, le viol – collectif ou non – et l’esclavage sexuel sont aujourd’hui couramment pratiqués par les bandes armées. En outre, comme constaté dans une majorité de conflits armés, les violences basées sur le genre, tels que la violence domestique, l’exploitation sexuelle et les mariages forcés, augmentent. Ainsi, le nombre de survivant.e.s ne cesse de croître, incluant désormais des hommes et des enfants. Les chiffres sont d’autant plus alarmants qu’une grande partie des survivant.e.s ne sont pas recensé.e.s, faute d’avoir recherché de l’aide en raison de la crainte de la stigmatisation, de l’absence d’information sur les initiatives mises en place et du manque de moyens financiers.
Un projet de prise en charge globale des victimes
Depuis 2017, la Fondation Pierre Fabre soutient la réplication à l’hôpital rural de Bulenga (RDC) du modèle de « guichet unique », ou « One Stop Center », créé par le Dr Denis Mukwege et structuré autour de quatre piliers, qui répondent aux besoins essentiels de guérison de la victime et de son autonomisation : piliers médical, psychologique, juridique et socioéconomique. Face à la situation en Centrafrique et forts de leur expérience commune en République Démocratique du Congo, la Fondation Pierre Fabre, la Fondation Panzi RDC, la Fondation Dr. Denis Mukwege et l’Institut Francophone pour la Justice et la Démocratie ont décidé de s’unir à nouveau, avec l’appui financier de l’Agence Française de Développement, pour répliquer le modèle de prise en charge holistique du Dr Mukwege à Bangui, au sein d’un hôpital public (Centre Hospitalier Universitaire de l’Amitié Sino-Centrafricaine) et de l’Association des Femmes Juristes de Centrafrique, déjà deux lieux reconnus de référencement de victimes de violences sexuelles et basées sur le genre dans le pays.
Dans ce programme cofinancé par l’Agence Française de Développement à hauteur de 3 millions d’euros, la Fondation Pierre Fabre, cheffe de file de ce groupement de partenaires, apportera 1,2 million d’Euros. Elle apportera également son expertise médicale et scientifique et assurera la gestion administrative et financière du programme.
Ce programme, d’une durée initiale de 4 ans, permettra aux victimes de violences sexuelles et violences basées sur le genre de Bangui et des provinces, d’accéder à des soins holistiques de qualité, selon un parcours coordonné, accompagné et complet, grâce à la mise en place d’un « Guichet unique ». Ce programme participera également à la prévention des violences sexuelles et violences basées sur le genre dans le pays. Facilité par les partenaires internationaux, ce programme est fondé sur un transfert de compétences Sud-Sud entre les acteurs congolais et les acteurs centrafricains. Il permettra en outre de renforcer les capacités d’un hôpital public ainsi que d’une association locale reconnue ; deux structures qui sont déjà des lieux de référencement pour les victimes de violences sexuelles et violences basées sur le genre.
L’ESSENTIEL
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Axe
Accès aux soins de qualité
Programme
Depuis 2020
Mode d’intervention
Co-financeur avec l’AFD et opérateur au sein d’un consortium de partenaires.
Action
Création d’un centre de prise en charge pluridisciplainaire des victimes de violences sexuelles en appuyant deux acteurs centrafricains, le Centre Hospitalier Universitaire de l’Amitié Sino-Centrafricaine et l’association des femmes juristes de Centrafrique:
- prise en charge médicale : créer un système de référencement des victimes, renforcer le plateau technique et les compétences du personnel du service de gynécologie obstétrique et de la maternité du Centre Hospitalier Universitaire de l’Amitié Sino-Centrafricaine
- prise en charge psychosociale : renforcer les capacités de l’unité de soins psychiatriques et réaliser des campagnes de sensibilisation grand public
- accompagnement juridique : renforcer les compétences et les capacités d’accueil de l’association des femmes juristes, créer un système informatisé sécurisé des dossiers et accompagner les victimes dans les procédures
- réinsertion sociale : renforcer les compétences et les capacités d’appui aux victimes (formation aux activités génératrices de revenus).
Les partenaires:
Agence Française de Développement
Fondation Panzi RDC
Fondation Dr. Denis Mukwege
Institut Francophone pour la Justice et la Démocratie
Association des Femmes Juristes de Centrafrique
Centre Hospitalier Universitaire de l’Amitié Sino-Centrafricaine
BILAN ET PERSPECTIVES
Perspectives
Réhabiliter
le service de gynécologie obstétrique de la maternité du Centre Hospitalier Universitaire de l’Amitié Sino-Centrafricaine
Garantir
un accès gratuit à des soins holistiques de qualité
Réinserer
socialement et économiquement les victimes
3 240
victimes prises en charge sur 4 ans
LES PARTENAIRES ET LEURS APPORTS AU PROGRAMME
Agence Française de Développement
Le groupe Agence française de développement (AFD) est un établissement public qui met en œuvre la politique de la France en matière de développement et de solidarité internationale. Climat, biodiversité, paix, éducation, urbanisme, santé, gouvernance… Ses équipes sont engagées dans plus de 4000 projets à fort impact social et environnemental dans les Outre-mer français et 115 pays. l’AFD contribue à l’engagement de la France et des Français en faveur des Objectifs de développement durable (ODD).
Fondation Dr. Denis Mukwege
La Fondation Dr Denis Mukwege dénonce l’utilisation des violences sexuelles lors de conflits armés. Elle plaide auprès de la communauté internationale, pour l’établissement d’une ligne rouge juridiquement contraignante contre le viol comme arme de guerre, pour mettre fin à l’impunité, accroître la responsabilisation des États et rendre justice aux victimes. Elle soutient le modèle de soins mis en place à l’hôpital de Panzi et sa réplication dans d’autres zones de conflit.
Dans ce programme, la Fondation Dr Denis Mukwege apportera son expertise du modèle holistique, appuiera le plaidoyer et le développement du réseau des survivantes.
Fondation Panzi RDC
La Fondation Panzi RDC a été fondée il y a près de dix ans par le Docteur Denis Mukwege afin d’appuyer l’hôpital où sont secourues des milliers de victimes de viols perpétrés dans le Nord-Est de la République Démocratique du Congo ravagée par les conflits. L’hôpital et la Fondation Panzi RDC ont acquis une solide réputation dans le traitement des blessures gynécologiques et psychologiques au travers d’un modèle de soin global.
Dans ce projet, la Fondation Panzi RDC transmettra son expérience et son expertise dans le domaine des soins et de la prise en charge holistique des VVBG et VVS notamment en formant le personnel médical du Centre Hospitalier Universitaire de l’Amitié Sino-Centrafricaine.
Centre Hospitalier Universitaire de l’Amitié Sino-Centrafricaine
Ce centre fait partie des 5 hôpitaux centraux de 2° référence. Il est situé à proximité du PK5, dans une position géographique stratégique. L’hôpital a été construit dans les années 1980 par la coopération chinoise Il est déjà une structure de référencement des victimes de violences sexuelles. Dans ce programme, le Centre Hospitalier Universitaire de l’Amitié Sino-Centrafricaine sera une des deux portes d’entrée du centre holistique. L’amélioration de la qualité des soins du service de gynéco-obstétrique bénéficiera également à l’ensemble de la population.
Institut Francophone pour la Justice et la Démocratie
L’Institut francophone pour la justice et la démocratie (IFJD) est une association française qui poursuit les activités de l’Institut universitaire Varenne et de l’Association francophone de justice transitionnelle. Elle est chargée de promouvoir la diffusion des connaissances tant sur le plan académique, que dans le cadre d’activités opérationnelles. Elle a développé un axe important consacré aux VVS et VVBG comportant publications et recherches, formations, expertise et appui à l’assistance juridique et judiciaire, portant principalement sur le modèle holistique d’assistance aux victimes. Ayant une vocation scientifique et opérationnelle, l’IFJD favorise la production et la transmission de la connaissance, le soutien à la recherche scientifique et universitaire et l’action sur le terrain.
Dans ce programme, l’IFJD apportera son expertise concernant tant la Justice transitionnelle en générale, que la problématique spécifique des violences sexuelles. L’IFJD intervient en Centrafrique, seul ou en partenariat, depuis novembre 2015. Il sera, dans le cadre du centre d’assistance holistique de Bangui, responsable du pilier juridique.
Association des Femmes Juristes de Centrafrique
L’Association des femmes juristes de Centrafrique (AFJC) : basée à Bangui, l’association centrafricaine dont toutes les membres sont juristes (niveau minimal licence) a été créée en 1992 par Mme Catherine Samba Panza pour promouvoir et défendre les droits de l’Homme avec une action spécifique vis-à-vis des femmes et des enfants. Originellement l’AFJC avait créé des « cliniques juridiques » pour accompagner les femmes VVS et VVBG dans le dépôt des plaintes. A partir de 2010, en réponse aux évènements ayant causé beaucoup de victimes parmi les femmes et les enfants, des centres d’écoute ont été créés dans tout le pays, dont une dizaine financés un temps par l’UNICEF mais inactifs actuellement faute de financement. L’AFJC est un lieu d’accueil bien identifié pour les VVS et VVBG. L’association leur procure un minimum de services psycho-sociaux (repas, écoute, repos…) et les accompagne dans la construction de leur dossier juridique.
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